mardi 5 février 2008

Gus Van Sant

Qu’est-ce qui vous a décidé à adapter le roman de Blake Nelson ?

L’histoire se déroulait à Portland, ville que j’ai toujours beaucoup aimée. Il était question d’un jeune skate-boarder. Cela parlait également d’une situation difficile et particulièrement étouffante, autre point de l’histoire intéressant pour moi.

Avez-vous apporté des modifications au récit, ou à sa structure ?

J’ai beaucoup joué avec la structure de l’histoire. Il y a peu de parties du livre qui ne soient dans le film, mais structurellement, tout a été beaucoup manipulé.

Pourquoi avoir choisi de recruter vos acteurs via MySpace, ce réseau communautaire sur Internet ?

Je pense que c’est ce que devraient faire toutes les agences de casting pour trouver des lycéens, surtout maintenant que MySpace est à ce point répandu. Nous avons fait comme les autres, en essayant simplement de trouver les moyens de convaincre des amateurs de jouer dans le film.

Pourquoi avoir choisi de tourner à la fois en super-8 et en 35 mm ?

Parce que le support du film de skate est le super-8, et aussi la vidéo, et comme nous en utilisions un peu dans notre film, nous avons tourné quelques séquences supplémentaires de skate en super-8. Il est beaucoup plus difficile de tenir une caméra plus grande en se tenant sur une planche, c’est une des raisons. De plus le 35 mm est trop cher pour que les filmeurs de skate l’utilisent. Ensuite, le reste du film est tourné en 35 mm, le meilleur support selon moi.

Vos trois derniers films – Gerry, Elephant et Last Days – reposaient beaucoup sur des cadres et un découpage stables. Votre choix de confier l’image à Chris Doyle est d’autant plus surprenant…

Oui c’est vrai, Chris est connu pour sa cinématographie aérienne et très libre, et non pour ce que l'on pourrait appeler des cadres « stables ». Mais je crois que cela vient surtout de la période Wong Kar-Wai des années 90. Quand il a tourné pour la première fois avec Wong Kar-Wai , les cadres étaient tout à fait stables, mais ils se sont lâchés à mesure que les films devenaient moins conservateurs. J'ai vraiment essayé de pousser Chris dans un territoire instable, un territoire « grand angle », aussi à cause des derniers films de Wong Kar-Wai que j'avais vus, en particulier Les Anges déchus. Mais Chris était un peu circonspect. Nous avons ici autre chose, parfois instable dans l’utilisation du trépied et d’une caméra portable. Il y a beaucoup de styles différents dans le film. Beaucoup de ralentis, ce que j'ai encouragé aussi, inspirés par les derniers films de Wong Kar-Wai. Mais Chris a aussi fait La Jeune fille de l'eau, aux cadres très stables. Le monde du skate n'est cependant pas réputé pour ce genre de cadre, c'est un monde sur roues

Il y a manifestement un travail important sur le son. J’ai entendu dire que certaines séquences, notamment en super-8, étaient plus longues à l’origine. Le travail de post-production a-t-il été particulièrement long et intensif ?

Non, je crois que les séquences en super 8 sont restées pratiquement les mêmes. Peut-être y en avait-il au départ un peu plus. Le son, aussi détaillé qu’il puisse paraître, est surtout fait de paysages sonores, c’est l’œuvre de compositeurs. Le travail que nous avons fait dans la manipulation du son est plutôt simple, mais les paysages sonores, surtout ceux d’Ethan Rose, sont assez compliqués. C’est parfois comme si nous mettions des disques tout le long du film – mais des disques de musique peu traditionnelle. La post-production n’a duré que deux ou trois semaines.

Paranoid Park est votre premier film produit par MK2, en quoi cela a changé votre travail ?

Ce fut une très belle expérience de travailler avec MK2 en tant que producteur.

Entretien réalisé par Antoine Thirion (extrait du Dossier de Presse).

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